Que peut-on attendre de la BCE, interroge Philippe Waechter de Natixis AM
Philippe Waechter (illustré), directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management et Olivier de Larouzière, directeur de la gestion obligataire euro, discutent l’évolution potentielle de la conjoncture mondiale. La Grèce, L’Italie, le BCE et son nouveau président Mario Draghi, sont les principaux sujets de cette analyse.
La crise permettait auparavant d’arranger quelques questions institutionnelles afin de faciliter et d’accélérer le retour de la croissance.
Aujourd’hui, la question est posée différemment : si la croissance n’est pas assurée, quel doit être le cadre institutionnel nécessaire pour faire fonctionner la zone euro ?
C’est en cela que la crise est inédite. Des perspectives de croissance insuffisantes engendrent des trajectoires divergentes sur les indicateurs d’activité.
Cela s’observe notamment sur le taux de chômage : très faible en Hollande et en Autriche, contre plus de 22 % en Espagne alors qu’avant la crise, les profils des taux de chômage étaient comparables.
S’il n’y a pas une croissance suffisante, le cadre institutionnel doit être profondément renouvelé pour éviter que les forces centrifuges ne fragilisent la construction de la zone euro.
Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) ne renouvelle pas le cadre institutionnel, il prolonge l’ancien.
Il est probable que dans la phase de transition, la BCE ait un rôle majeur à jouer pour prendre à sa charge une partie du risque de marché. Cela déchargerait les autres acteurs de l’économie de ce risque passif et leur permettrait d’en prendre pour relancer l’économie.
Ce changement ne sera pas aisé car l’Allemagne s’y oppose et parce que la BCE est pour l’instant plutôt passive dans son comportement d’achat d’actifs.
Elle ne souhaite pas qu’un programme d’achat d’obligations d’État sur un pays n’incite plus celui-ci à mettre en place les réformes pour soutenir et faciliter la reprise de la croissance.