Que peut-on attendre de la BCE, interroge Philippe Waechter de Natixis AM
Philippe Waechter (illustré), directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management et Olivier de Larouzière, directeur de la gestion obligataire euro, discutent l’évolution potentielle de la conjoncture mondiale. La Grèce, L’Italie, le BCE et son nouveau président Mario Draghi, sont les principaux sujets de cette analyse.
Que peut-on attendre de la BCE ?
La baisse des taux directeurs de la BCE de 1,5 % à 1,25 % le 3 novembre dernier, a constitué une surprise. Nous pensions que celle-ci aurait lieu le mois prochain, pour des raisons de crédibilité de du nouveau président de la BCE : Mario Draghi.
De ce point de vue, ce dernier nous semble plus “américain” que Jean-Claude Trichet, plus réactif et il semble enclin à aller plus loin que lui. Son discours est par ailleurs plus clair, plus explicite, et paraît globalement mieux perçu.
Au-delà de la baisse des taux qui interviendra, pour la prochaine, très certainement en décembre, Mario Draghi doit s’engager à maintenir les taux d’intérêt de la BCE très bas très longtemps afin d’infléchir les anticipations des acteurs de l’économie.
La Fed s’étant engagée à maintenir des taux très bas [0 ; 0,25 %] jusqu’à la mi-2013 au moins, la BCE doit donner des signaux similaires.
Ce serait la seule façon de favoriser le retour de la croissance via le maintien de taux très bas, et favoriser la dépense aujourd’hui plutôt que de la reporter dans le temps. Cela pourrait aussi peser sur la parité et redonner davantage de compétitivité aux pays européens. Ces facteurs permettraient de retrouver une dynamique de croissance plus solide.
À court terme, nous pensons donc que les taux directeurs de la BCE seront abaissés jusqu’à 1 % (soit leur niveau d’avant le 7 avril 2011).
Deux questions restent en suspens :
-Les taux peuvent-ils descendre encore plus ? Nous pensons que oui.
-Comment la BCE pilotera-t-elle l’Eonia (via le taux de la facilité de dépôt) par rapport à son taux de refinancement ?
Deux scénarios : soit le taux de refi est à 1 % et l’Eonia plus bas ; soit le taux de refi tombe à 0,25 %, avec un Eonia calé sur le taux de refi.
Autrement dit, la question est de savoir si la BCE cherchera à créer une situation de dépendance ou non comme cela avait été mis en place par Jean-Claude Trichet (Eonia beaucoup plus bas que le refi). En l’absence d’indications de la part de Mario Draghi, cette question reste posée.
Sur un plan plus général concernant la crise actuelle de la zone euro, l’interrogation porte sur le point suivant : si par le passé, durant les crises, il faisait peu de doute que la croissance repartirait, cela est moins évident désormais.